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 De dangereux déchets qui tombent du ciel

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Tives

Tives


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MessageSujet: De dangereux déchets qui tombent du ciel   De dangereux déchets qui tombent du ciel I_icon_minitimeMer 11 Juin - 5:32

Homme curieux a écrit:
Le samedi 15 avril 2006 vers 20h50, une boule de feu (fireball) a été observée dans le ciel de plusieurs villes et localités du Maroc, empruntant une trajectoire du Sud vers le Nord. Le spectacle a attiré l’attention d’un grand nombre de personnes.

Devant l’importance de ce phénomène et pour avoir une information complète quand à une éventuelle chute de météorite sur le territoire marocain, le département de géologie, Faculté des sciences, Université Hassan II Aïn Chok a lancé un appel à témoignage pour savoir si quelqu’un aurait pu filmer ou photographier cette boule de feu (cf. nos éditions du 21 et 24 avril).

Par la suite, le quotidien Ahdhat al Maghribia, dans son édition du 1er mai, a publié un article faisant état de l’observation d’une vingtaine de boules de feu, samedi dernier, dans le ciel de Ghafsaï (province de Taounat) ainsi qu’à Fès. Selon cet article, ces corps lumineux évoluaient à basse altitude et ont provoqué la panique parmi la population de ces régions qui s’est interrogée sur leur nature. Parmi les explications avancées, on a parlé aussi bien de météorites que de feux d’artifice, de phénomènes extranaturels et d’objets volants non identifiés (OVNI) pilotés par des extraterrestres venus en exploration de la Terre.

Interrogée sur le résultat de l’appel à témoin qu’elle a lancé et les informations rapportées par Ahdhat al Maghribia, le Pr Hasnaa Chennaoui Aoudjehane, responsable du département de géologie de la Faculté des sciences de Aïn Chok, spécialiste dans les météorites, a précisé qu’il s’agit du même phénomène observé dans la nuit du samedi 15 avril. L’horaire et les objets décrits ainsi que leur trajectoire sont bien concordants. Seule la date n’a pas été précisée par le quotidien qui a publié l’article avec deux semaines de retard.

Quant à la nature des corps lumineux, en l’absence au Maroc d’un observatoire spécialisé qui mettrait à disposition des chercheurs l’information nécessaire, la réponse à cette question a été trouvée auprès du réseau espagnol SPMN qui étudie la matière interplanétaire et qui regroupe des chercheurs de plusieurs universités et centres de recherches de ce pays. On la retrouve aussi auprès de l’Aerospace Center for Orbital and Reentry Debris Studies (ACORDS), centre américain dédié aux études relatives aux débris spatiaux en orbite autour de la terre.

D’après les informations fournies par ces entités, les corps lumineux observés le 15 avril, aussi bien dans le ciel marocain que du côté de l’Andalousie en Espagne, n’étaient ni des OVNI ni des météorites mais les débris d’un satellite qui s’est désagrégée en rentrant dans l’atmosphère terrestre. Il s’agit d’un satellite russe, Sich-1 qui avait été lancé, le 24 décembre 2004, à partir du Cosmodrome de Plesetsk, situé à environ 800 kilomètres au Nord de Moscou. Son entrée dans l’atmosphère était prévue à 20h43 UTC (temps atomique international), avec une marge d’erreur de 45 minutes, et sa trajectoire ainsi que son point de chute étaient également plus ou moins définis. Seulement, les chercheurs marocains n’étaient pas au courant.

Mais que vient faire au Maroc un satellite russe et quels risques représentait sa chute ? La question mérite d’être posée. De nos jours, les satellites artificiels modifient la vie sur la Terre et l’y organisent : satellites de communication pour les échanges de sons et d’images, satellites météorologiques pour la prévision de temps, satellites de navigation pour le guidage précis de navires sur toutes les mers du globe, satellites scientifiques à missions hautement spécialisées, satellites militaires aux applications publiques ou secrètes multiples, etc. Il s’agit autant de satellites placés sur l’une ou l’autre orbite terrestre que de sondes qui ont quitté l’environnement immédiat de la Terre pour explorer la Lune ou les autres planètes. Lors de chacune de ces missions, un grand nombre de débris spatiaux sont générés. Et comme toute activité humaine, la conquête spatiale s’accompagne de la production de déchets.

Un débris spatial, dans le domaine de l’astronautique, est l’objet résiduaire d’une mission spatiale se trouvant sur orbite. Environ 9.000 objets supérieurs à 10 cm sont dénombrés aujourd’hui autour de la Terre, environ 200.000 entre 1 et 10 cm et plus de 35 millions d’une taille inférieure au cm... On y trouve les satellites en fin de vie, des étages de lanceurs, des objets issus de collisions... Depuis Spoutnik 1, lancé le 4 octobre 1957, plus de 4.000 lancements ont mis en orbite un grand nombre de satellites. Plus de 170 fragmentations se sont également produites, donnant naissance à une multitude de débris de toutes tailles.

En raison des vitesses élevées en orbite, mêmes les plus petits débris peuvent provoquer des dégâts très importants sur les satellites ou les véhicules habités. Ces débris présentent un danger pour les missions spatiales habitées, les satellites en orbite et un risque de retombée au sol. Ils vont à une grande vitesse et l’impact d’un débris, même petit, peut entraîner de gros dégâts.

La capacité de prédire avec précision l’instant de rentrée d’un satellite dans l’atmosphère terrestre augmente à mesure que l’objet se rapproche de l’atmosphère. A 7 jours d’avance par exemple, la précision est d’environ 22 orbites, à 12 heures de 1.6 orbites et à 1h de 0.33 orbites. La zone de débris théorique s’étendit sur une ovale large de 200 km et longue de 6000 km, entre d’un côté les débris les plus légers et de l’autre les débris les plus lourds.

En principe, le point d’impact des débris peut être estimé à 100 km près. Mais en 1991 des débris de Salyout 7 tombèrent à quelques centaines de kilomètres de Buenos Aires, heureusement sans faire de victime. En 1997, deux fragments d’une fusée Delta 2 pesant 250 kg atterrirent avec fracas au Texas. Un troisième débris pesant 70 kg en titane fut retrouvé en 2001 à 240 km de Riyad en Arabie Saoudite.

En 2001, 30% de la masse de la station Mir, représentant une charge résiduelle de 20 tonnes répartie dans 1500 éléments dont six gros débris furent "forcés" de tomber heureusement sous "pilote automatique".

Pour toute responsabilité dans l’éventualité où Mir serait tombée sur des populations, l’agence spatiale russe (RSA) avait souscrit une assurance de 200 millions de dollars auprès de la Lloyd’s à Londres. Une bien maigre consolation si dix millions d’habitants étaient passés de vie à trépas dans l’accident ou s’en seraient sortis handicapés à vie... A cela, les autorités ont répondu qu’ils étaient confiants et que Mir allait s’écraser dans l’océan. Et à l’image de la précision de la mécanique céleste, ils ne se sont pas trompés dans leurs calculs pourtant soumis aux aléas des conditions atmosphériques et de l’activité solaire. Car il faut saluer le mérite des ingénieurs qui estimèrent dans ce dernier cas l’heure de rentrée à 5 minutes près et le point d’impact avec une précision de 125 km ! Mais même si la chute d’un satellite peut être incontrôlable avec plus ou moins de précisions, malheureusement, en l’espace de 24 heures ou même trois jours, il est impossible d’évacuer une mégapole de plusieurs millions d’habitants et toute une zone d’impact potentielle qui s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres alentour.

Il arrive donc que de temps en temps des satellites tombent au sol. Leur chute comporte plusieurs risques graves. Et comme certains d’entre eux fonctionnent au combustible nucléaire, on ne peut pas exclure de même une irradiation. Si un tel événement se produit, l’épave radioactive doit être rapidement localisée, traitée et les mesures de protection des populations déclanchées en cas d’augmentation de la radioactivité.

Mais que faire pour éviter ces apocalypses non programmées ? Pour lutter efficacement contre le risque potentiel engendré par les déchets en orbite, les grandes agences ont pris le problème à bras le corps depuis 1993 et ont créé l’Inter-Agency Space Debris Coordination Committee (IADC), une agence chargée de prendre des mesures concrètes en cas de besoin. L’alarme a été prise très au sérieux car la navette Challenger, par exemple, a reçu de nombreux impacts dans ses hublots tandis que la navette Atlantis fut déjà égratignée par ces débris, entaillant le revêtement de son bord d’aile sur 2.5 cm. Quand on sait que le bord d’attaque des ailes subit l’une des chaleurs les plus élevées lors de la rentrée atmosphérique, (le cas lors de l’accident de Columbia), il est judicieux de tirer la sonnette d’alarme.

Que coûte la "dépollution" des orbites ? Une première estimation faite en 1996 indique que le nettoyage des orbites jusqu’à 800 km d’altitude de tous les débris mesurant entre 1 et 10 cm coûterait environ 80 millions de dollars et nécessiterait 2 ans de travail. Un nettoyage jusqu’à 1500 km d’altitude prendrait 3 ans et coûterait environ 160 millions de dollars (soit un peu moins de la moitié du prix d’une nouvelle navette spatiale).

Si les états acceptent d’y consacrer un peu d’argent plutôt que de prendre des risques bientôt inconsidérés, il est probable que d’ici quelques années les experts des Services du Département Environnement du Centre Goddard de la NASA devront envoyer un ferrailleur "dépolluer" l’espace qui, faut-il le rappeler, est une ressource pour toute l’humanité.

M.G.

Source : http://www.lopinion.ma/article.php3?id_article=11882
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