Le terme sphinx dérive du mot grec de l'ancien égyptien "Shesepankh" ce qui veut dire "statue vivante". Cette sculpture monumentale est taillée dans un promontoire naturel dans le roc.
Le Sphinx de pierre, dont on a longtemps supposé qu'il représentait le roi Khéphren, semble n'avoir été construit que pour garder le temple solaire construit jadis à l'angle du site de la pyramide de Khéops. Le monument était, à l'origine, entièrement recouvert de plâtre peint dont il ne reste que quelques traces.
Une stèle de granit rose placée entre les pattes de cette représentation monumentale raconte le songe de Thoutmosis IV qui souhaitait accéder au trône sans en être le successeur officiel. Le futur pharaon de la XVIIIème dynastie qui se reposait à l'ombre d'une pierre, lors d'une partie de chasse, entendra dans un songe une divinité promettre la couronne d'Egypte s'il débarrassait le Sphinx du sable qui menaçait de le recouvrir. Thoutmosis, qui obéira, utilisera cet événement pour justifier sa légitimité.
Le texte de la stèle peut être traduit ainsi :
"Un jour il advint que le fils royal Thoutmosis, qui allait se promener à l'heure de midi, se reposa à l'ombre de ce grand dieu ; la torpeur du sommeil le saisit, au moment où le soleil était à son zénith. Il s'aperçut alors que la Majesté de ce dieu auguste lui parlait, de sa bouche même, comme un père parle à son fils, disant : regarde-moi, contemple-moi, ô mon fils Thoutmosis ; je suis ton père, Horakhety-Khepri-Râ-Atoum ; je te donnerai la royauté sur terre, à la tête des vivants, tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le trône de Geb, le prince (des dieux). La terre t'appartiendra en sa longueur et sa largeur, et tout ce qu'illumine l'oeil brillant du maître de l'Univers. (...) Voilà que maintenant le sable du désert me tourmente, le sable au-dessus duquel j'étais autrefois ; aussi hâte-toi vers moi, afin que tu puisses accomplir tout ce que je désire".
Le visage de la statue mesure 5 mètres de hauteur. Les Français qui la découvriront au début du XIXème siècle n'apercevront que sa tête. Napoléon la fera désensabler et mesurer par les savants qui l'accompagnaient. Les Arabes, l'appelleront Abu-al-Hol (le Père de la Terreur). Le sphinx, qui sera la proie de tirs au canon au cours de l'invasion des Mamelouks, perdra son nez de 2 mètres qui tombera à terre. Récupéré par les Anglais après la défaite de Bonaparte, il sera exposé au British Muséum.
Il est parfois admis que le nez du sphinx a été détruit par les soldats de Napoléon lors de la campagne d'Égypte. Dans un discours en 1995, le militant noir américain Louis Farrakhan reprend cette thèse, estimant que « La suprématie des Blancs a conduit Napoléon à détruire le nez du Sphinx parce qu'il rappelait trop la majesté de l'homme noir ».
Pourtant, les historiens ont longtemps considéré que les responsables de la mutilation du nez du sphinx étaient les Mamelouks qui ont occupé l'Égypte pendant plusieurs siècles avant d'être battus par les troupes de Bonaparte. Des gravures datant d'avant la campagne d'Égypte montrent d'ailleurs le sphinx dépourvu de son nez, ce qui confirme que la mutilation a précédé l'arrivée des soldats français.
En 1980, l'historien allemand Ulrich Haarmann, s'appuyant sur les témoignages de plusieurs auteurs arabes du Moyen Âge (comme Ahmad al-Maqrîzî et Rashidi), a révélé que le visage du Sphinx fut endommagé en 1378 par Mohammed Sa'im al-Dahr, un musulman fanatique qui voulait détruire ce qu'il considérait comme une idole païenne, s'attaquant en particulier au nez et aux oreilles.